Trichoderma, champignon auxiliaire
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Spectre d’efficacité et cultures envisageables
Cibles : micro-organisme stimulateur de croissance des plantes, antagoniste de pathogènes et biofongicide, le genre Trichoderma regroupe un ensemble de champignons saprophytes qui sont naturellement présents dans le sol, les débris végétaux et le bois mort. Selon les espèces et les souches, ils agissent contre divers pathogènes du sol et nématodes phytoparasites (Meloidogyne, Globodera). L’un des taxons les plus uti lisés pour le traitement des substrats en horticulture, T. harzianum rifai T22, est efficace contre certaines maladies telluriques ( Fusarium , Pythium , Rhizoctonia ou Sclerotinia) . Autre espèce utilisable en culture, la souche I-1237 de T. atroviride s’attaque à des agents fongiques responsables de maladies de dépérissement de la vigne, comme l’esca et le bois noir. Après badigeonnage ou pulvérisation sur les plaies de taille, cette préparation biologique colonise les sections des rameaux et empêche l’infection des tissus par les pathogènes.
Principales cultures concernées : les produits de biocontrôle à base de Trichoderma sont homologués dans la catégorie « Traitements généraux » ou sont utilisables en traitement préventif contre divers pathogènes (champignons, organismes fongiformes Pythiacées). La vigne, les productions légumières et fruitières, les plantes à parfum, aromatiques et médicinales, les cultures porte-graines, ainsi que les gazons de graminées en espaces verts, sont concernés par certains traitements du sol contenant des spores de Trichoderma. Des productions horticoles ornementales comme le rhododendron, le gerbera, le poinsettia, des plantes florales à massif et des bulbes à fleurs, ont été protégées contre certains pathogènes dans différents essais de mise au point de méthode de lutte.
Modes d’action :
• Compétition spatiale dans la rhizosphère : son développement est plus rapide à la surface des racines que les autres champignons. Il limite l’espace disponible pour les parasites qui n’ont ni la possibilité de s’installer, ni de provoquer des nécroses.
• Compétition nutritionnelle : sa colonisation rapide du milieu prive les agents pathogènes des nutriments dont ils ont besoin pour se développer.
• Antibiose et mycoparasitisme : il inhibe la croissance d’agents pathogènes via la production de métabolites secondaires. Il parasite aussi les parois de leur mycélium à l’aide de structures semblables à des appressoriums (1), en les pénétrant avec ses hyphes et en émettant des enzymes lytiques.
• Meilleure absorption des nutriments : les phosphates et certains oligo-éléments sont parfois fixés dans le sol et non assimilables par la plante. Le phosphate a, quant à lui, tendance à se combiner au calcium, au fer et à d’autres oligo-éléments et devient insoluble. Trichoderma permet à certains des nutriments fixés, comme le manganèse, d’être absorbés par la plante. Par ailleurs, Trichoderma produit des substances spécifiques qui assurent, entre autres, la transformation du Fe3 + en Fe2 + (fer), le rendant disponible pour la plante.
• Résistance induite : Trichoderma stimule la défense des plantes (SDP), en activant certaines barrières à l’encontre de diverses maladies. Ce mécanisme s’appelle communément la Résistance Systémique Induite (RSI).
• Stimulation du système racinaire et de la vitalité : Trichoderma favorise le développement d’un système racinaire vigoureux, robuste et sain, se traduisant par une culture plus homogène et plus productive. Cet effet est d’autant plus marqué lorsque les plantes sont en situation de stress physiologique. Lors de la multiplication des plantes, le traitement induit très souvent un meilleur taux d’enracinement. Cet effet biostimulant permet de limiter les causes d’échecs de la reproduction végétative : mauvaise rhizogénèse, agents pathogènes de fonte de boutures.
Comportement : les produits à base de Trichoderma ne sont pas systémiques, donc non assimilés par la plante. Ils agissent par contact.
Facteurs d’efficacité : pour assurer la meilleure efficacité, il est important d’utiliser Trichoderma avec une température et une humidité optimales. Pour T. harzianum T22, par exemple, la température du sol doit être supérieure à 10 °C. Il est également nécessaire d’utiliser une quantité suffisante d’eau pour garantir une bonne pénétration du micro-organisme dans le milieu de culture ou le sol, mais en évitant le ruissellement et le drainage excessif, au moins pendant les deux jours après le traitement, de façon à assurer une bonne adhérence des spores aux racines.
Mode d’emploi
•Application par arrosage ou pulvérisation : aucun matériel spécifique n’est requis.
•Application par irrigation au goutte-à-goutte : pour les traitements de sol, les spores de Trichoderma doivent atteindre les racines rapidement, sinon leur qualité s’amoindrit. N’utilisez pas le produit avant le filtre à sable et vérifiez que les filtres du système d’irrigation au goutte-à-goutte sont propres, les spores pouvant se fixer aux matières organiques contenues dans les filtres.
•Incorporation de micro-granulés au substrat lors du semis ou du rempotage.
Compatibilités : l’utilisation de Trichoderma est compatible avec les apports de champignons mycorhiziens et de nombreux produits phytosanitaires, y compris le cuivre ou des fongicides chimiques de synthèse dans un programme de lutte intégrée. Pour en savoir plus, consultez les sites Internet des fabricants.
Cycle et conditions de développement
Éléments de biologie : T. harzianum développe des colonies d’abord blanchâtres qui deviennent verdâtres une fois qu’elles ont sporulé. Les organes de reproduction sont des spores (conidies) émises à partir de conidiophores. Après un traitement, les spores germent et le mycélium colonise les racines de la plante hôte. La conservation du champignon se fait sous forme de spores de résistance à parois épaisses (chlamydospores).
Conditions optimales d’utilisation : les produits à base de Trichoderma sont appliqués dès réception ou sont stockés au frais, par exemple T. harzianum, entre 4 et 8 °C. Évitez toute exposition directe au soleil. Certaines préparations s’utilisent en traitement des parties aériennes, tandis que d’autres s’appliquent sur le sol ou en mélange dans le substrat de culture. Toutes agissent de façon préventive sur les pathogènes ciblés. Pour obtenir des résultats optimaux en traitement de sol, intervenez dès le début du cycle de culture, de préférence pendant le semis, le bouturage ou la plantation. Une fois appliqué, T. harzianum se développe à des températures comprises entre 10 et 34°C, à un pH compris entre 4 et 8, dans de nombreux milieux et sur les racines de différentes cultures. Pour ne pas entraver l’efficacité du produit, proscrivez l’utilisation de désinfectants dans les systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, au moins un à deux jours après le traitement.
Jérôme Jullien
(1) Système utilisé par les champignons pour pénétrer dans une cellule hôte végétale : après la sporulation, la spore adhère à la surface de la plante et germe.
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